Bill Viola est un artiste américain, né à New York le 25 Janvier 1951. Il est sans conteste l’artiste vidéo le plus célèbre au monde. Il est en effet considéré comme l’un des grands pionniers de l’Art Vidéo.
Son travail évoque d’une très belle manière, la relation que l’humain entretient avec les quatre éléments : le feu, l’eau, l’air et la terre. Il aborde également d’autres thèmes tels que la vie, la mort, le sommeil, le rêve et cetera.
Il s’agit d’un artiste qui créer des installations, des films vidéo, différents environnements sonores, ainsi que des œuvres pour concerts, opéras ou encore pour des lieux sacrés.
Il mélange tableaux en mouvement et installations monumentales occupant tout un espace en intérieur ou en extérieur et met en avant la vidéo comme une forme essentielle d’art contemporain.
Pendant une période de quatre décennies, Viola a su démontré le potentiel tout d’abord esthétique mais également émotionnel de l’art vidéo. Ses expositions sont conçut à la manière d’un voyage tout à fait personnel, durant lequel le visiteur créer et emprunte son propre chemin, en ayant le choix de s’attarder davantage sur les œuvres qui l’attirent le plus.
Bill Viola développe des œuvres qui s’interroge sur les grandes questions métaphysiques et défend également l’idée d’une exposition qui ne ressemble pas à une « salle de classe » car son souhait principal est de préserver le choc esthétique que l’œuvre d’art provoque lors de la rencontre.
Parcours de Bill Viola
Bill Viola étudie les arts visuels à l’Université de Syracuse à New York.
Il intègre le « département des études expérimentales » de son université ou il devient le pionnier dans l’utilisation de nouveaux moyens d’expression, comme la vidéo en couleur.
Plus intéressé par la musique que par l’image, il suit des cours de musique électronique sur synthétiseur, ce qui lui permet d’appréhender le signal électronique comme un outil avec lequel il peut travailler. Fasciné par la « continuité du signal vidéo par rapport à l’attente qu’induit le développement de pellicule », il aborde ainsi la vidéo en termes de signal et non d’image.
En 1973, il obtient sa licence aux Studios expérimentale de l’Université de Syracuse. Par la suite, Viola rencontre de nombreux artistes avec qui il collabore et fait de nombreuses expositions. Ce qui lui permettra notamment de rencontrer sa femme Kira Perov.
Par ailleurs, Viola voyage beaucoup: au sein des États-Unis, Italie, Japon, France, Indonésie, Australie, Allemagne, Tunisie. Chaque destination étant une source d’innovation pour lui. Dans son voyage à Java et à Bali notamment, où il a pu enregistrer de la musique traditionnelle et des spectacles. Au Canada, afin d’enregistrer des paysages de la Prairie en hiver, ou dans le désert du Sahara pour filmer des mirages, à l’aide de téléobjectifs adaptés à la vidéo.
Son voyage spirituel en Inde, dans le Ladakh, fût aussi pour lui une occasion de filmer et d’observer l’art et les rituels religieux. Mais également son voyage au Japon lorsqu’il va étudier le bouddhisme avec le maître zen et peintre Daien Tanaka.
Quelques oeuvres de Bill Viola
The space between the teeth (1976)
Dans la vidéo de Viola, image et son entrent en rapport dialectique. Dans la première partie de l’œuvre, un homme (Viola), debout et de profil, se lave les mains dans un lavabo, puis se tournant face à la caméra, il s’installe au creux d’un fauteuil; d’abord impassible, il se met à crier. Ensuite, la caméra le montre assis au fond d’un long et sombre corridor industriel. À mesure qu’il crie, la caméra se rapproche, traverse la barrière de ses dents et s’arrête au fond de sa gorge.
The reflecting pool (1977-79)
The Reflecting Pool est une bande vidéo, de 7 minutes, réalisée en 1977. C’est l’une des premières œuvres de Bill Viola qui met en avant la thématique suivante : le rapport qu’entretient l’homme avec le monde qui l’entoure mais également une réflexion sur l’image.
En effet, cette vidéo met en scène un homme (Bill Viola lui même) qui va plonger dans un
bassin située dans la forêt. Il saute et un arrêt sur image le suspend recroquevillé dans l’air, entre ciel et eau. Puis il disparaît avant d’atteindre l’eau, avalé par le paysage ; quelques minutes plus tard, il réapparait au milieu du bassin, qu’il traverse, avant d’en sortir pour s’enfoncer dans la forêt par ou il était venu. Cette vidéo est intéressante d’un point de vue techniques. Elle met en avant les jeux de lumières, les plans etc
Reverse Television-Portraits of Viewers (1983-1984)
Cette œuvre présente les portraits de 44 personnes, âgées de 16 à 93 ans, assisses devant la caméra, comme si elles faisaient face à la télévision. Ces portraits, silencieux devaient apparaître pendant plusieurs semaines sur une chaine publique, chacun pendant une minute. L’œuvre montre un spectateur, souvent assis sur un canapé ou un fauteuil, qui regarde silencieusement et le spectateur, devant l’écran, regarde l’image qui lui renvoie son propre point de vue. Dès lors, la question est de savoir qui regarde qui.
I do not know what it is I am like (1986)
L’œuvre s’ouvre sur une chute: une plongée dans un lac où se reflète une montagne, traversée du miroir. Ensuite apparaît le trou noir d’une caverne humide: passage souterrain vers un monde obscur. Bientôt l’image montre des mouches qui s’acharnent sur la dépouille d’un bison, elle fait voir la mort, dans une brusque et terrible proximité, puis elle se détourne pour errer dans une prairie où broutent d’autres bisons indifférents aux éclairs qui traversent violemment le ciel. L’image est pure méditation: la recherche d’une connaissance dans l »il de la bête. L’artiste rencontre son reflet qui atteste sa présence dans l’échange des regards. En s’approchant au plus près, il filme sa propre image dans la pupille de la bête qui le regarde.
The passing (1991)
The Passing est une bande vidéo en noir et blanc, de 54 minutes, réalisée en 1991.
Dans cette vidéo Bill Viola, met en avant une réflexion sur le passage de la vie à la mort mais également les cycles de la vie, en réaction aux événements presque simultanés de la mort de sa mère et la naissance de son fils. Ces deux événements se situant aux extrémités de la vie, entraine l’artiste à s’interroger sur des questions fondamentales : le sens de la vie, la raison de l’existence de l’être humain dans l’univers ; le rapport entre l’humain, les éléments naturels et la galaxie ; l’origine du corps en relation avec sa finitude.
Pour cela Viola filme la vie de façon brutale avec une dimension zen, et se pose lui même comme lien entre le passé et l’avenir, entre le monde réel et l’univers.
Il met en avant des images qui jouent sur le grain, qui font penser aux dessins à la mine de plomb de Seurat.
The Passing expose le déclin lent et régulier d’un être jusqu’à sa totale extinction, au fil des prises vidéo qui décrivent l’avancée inexorable de la maladie dans le corps d’une vieille femme. Cette expérience traumatisante est ponctuée par des séquences où l’artiste est montré respirant difficilement dans son lit, s’éveillant terrorisé et se rendormant.
The greeting (1995)
Cette installation de Bill Viola s’inspire d’un tableau maniériste: La visitation de Jacopo da Pontormo (1528-29), c’est un exemple de dialogue transhistorique entre deux artistes aux moyens apparemment si différents. The Greeting ne peut que se superposer à l’image du maître ancien, tant la vidéo de Viola ressemble à une peinture animée d’étranges réminiscences.
The crossing (1996)
Deux images sont projetées simultanément au recto et au verso de l’écran. D’un côté, une forme humaine se profile, surgissant du noir. Graduellement, elle s’avance peu à peu et marche vers nous. Soudain une petite flamme surgit aux pieds de l’homme, le feu se répand et le consume dans un brasier. Simultanément, de l’autre côté et de façon symétrique, la même silhouette masculine sort du noir, s’approche, s’arrête, et soudain, un fin jet d’eau coule sur sa tête, éclaboussant l’espace dans toutes les directions, puis des gouttes tombent sur le sol et la figure a disparu. L’installation montre les pouvoirs destructeurs et régénérateurs des deux éléments, figure de feu et figure d’eau, perpétuellement entre apparition et disparition.
Ocean without a shore (2007)
Cette œuvre est marquée par une révolution technologique: le passage de l’image analogique à l’image numérique. C’est un chef d’œuvre condensant le passé et l’avenir de la vidéo. Cette installation a été présenté dans la petite église San Gallo où des grands écrans plasma sont installés sur les trois autels, comme une fenêtre ouverte sur le monde des morts. En plan fixe, sur chacune de ces trois fenêtres, une ombre se dessine au fond d’un tourbillon, puis l’ombre est silhouette scintillante qui s’avance au ralenti, elle traverse un mur d’eau invisible et surgit au premier plan. Progressivement s’effectue un passage du noir et blanc à la couleur, de l’abstraction à l’hyperréalisme. D’étranges bruits résonnent dans l’église, les trois écrans rythment l’éternel retour de fantômes: hommes et femmes de toutes origines, jeunes et vieux, les morts reviennent. Puis, tournant le dos, ils traversent à nouveau le mur d’eau pour redevenir ombres.
The Encounter (2012)
Cette œuvre, un peu plus récente de Bill Viola montre comme deux femmes, dans une étape différente de leur vie à un moment donnée se croissent et la vieille dame en silence, partage tout son savoir avec la jeune.
Sources
- Jerôme NEUTRES & Anne-Marie DUGUET (2014). BILL VIOLA (Ed: RMN). France
- Jean-Paul Fargier (2014). BILL VIOLA AU FIL DU TEMPS (Ed: INC-25). France
- Jean-Paul Fargier (2005). THE REFLECTING POOL (Ed: Crisnée (B-4367) : Yellow now). Belgique
- Site officiel de Bill Viola
- Vidéo entrevue par Design Boom.
- Un article du Grand Palais sur Bill Viola.