Le futurisme est un mouvement culturel et artistique européen du début du XXème siècle. Il se caractérise par une exaltation du monde moderne et un rejet de l’esthétique classique. Les thèmes récurrents du futurisme sont la vitesse, les voitures, les machines, les immeubles futuristes et plus généralement tout ce qui touche à la technique moderne.
Histoire du mouvement futuriste
Le futurisme est né en Italie grace au Manifeste du futurisme du poète Filippo Tommaso Marinetti publié en 1909 dans le Figaro. Les principale figures du mouvement que sont Giacomo Balla, Umberto Boccioni, Carlo Carrà, Gino Severini et Luigi Russolo s’inspirent de la technique cubiste pour représenter dans leurs oeuvres le monde moderne. Les formes, les couleurs de leurs peintures expriment leur exaltation de la vitesse de la modernité et de l’énergie.
Un mouvement cousin du futurisme italien a aussi existé en Russie dans les années 1910-1917. Il se nommait « Valet de Carreau » ou « Cubo-futurisme ». Les principaux artistes de ce mouvement furent : Vladimir Maïakovski, Kasimir Malevitch, Velimir Khlebnikov, Piotr Kontchalovski, Mikhaïl Matiouchine, Ilya Mashkov, Aristarkh Lentoulov, Gontcharova, Kouprine et Tatline.
Doctrine du Futurisme
Le futurisme prône l’amour du futur et le rejet du passé. Marinetti pousse cette idée jusqu’à se réclamer du social-darwinisme. Il exalte la guerre comme « seule hygiène du monde ». C’est un des reproches qui sont faits aux artistes du futurisme. Ils sont considérés comme proche du fascisme de Mussolini.
Boccioni qui théorise le «dynamisme plastique futuriste» critique les nouveaux moyens d’expression technologiques comme le cinéma et la photographie. Il déconsidère la photographie futuriste (photodynamisme futuriste) des frères Anton Giulio Bragaglia et Arturo Bragaglia, et le cinéma abstrait des frères Arnaldo Ginna (it) et Bruno Corra (it). D’après lui la main de l’artiste est la plus apte à transmettre l’élan vital qui nourrit le monde moderne.
Le futurisme devient au fil des années un mouvement qui touche tous les arts. De ce fait il intègre une nouvelle esthétique et une nouvelle idéologie à la culture italienne comme à la culture européenne. Il touche à la fois la peinture, la sculpture, la littérature et le cinéma. Son influence aura aussi un impact sur la typographie, la politique et sur la société en général.
L’art des bruits et le futurisme
Russolo et Pratella sont à l’origine d’une théorie futuriste autour du bruit. Il essaye de classifier le bruit et d’en étudier les caractéristiques. Ce nouveau concept s’appelle L’Art des bruits (L’arte dei Rumori) et fut théorisé dans une lettre que Russolo adresse à Pratella en 1913. Cette lettre est un sorte de manifeste.
Ces études furent reprise par les Dadaïstes puis mises en pratique dans la musique contemporaine d’Edgar Varèse et Pierre Schaeffer. Cet art des bruits a aussi inspiré la musique industrielle du début des années 1980 de Vivenza, musicien bruitiste, futuriste et neo-fasciste français d’origine italienne.
Evolution du mouvement après 1915
La plupart des grandes œuvres associées au mouvement futuriste sont créées entre 1909 et 1915. Les théories de Boccioni inspirent les futuristes jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale. Ensuite, les recherches futuristes sont poursuivies à travers « l’art mécanique » pendant les années 1920, puis à travers une véritable « aéro-esthétique » pendant les années 1930.
Futurisme et politique
S’agissant des rapports entre futurisme et fascisme, une vision simpliste encore très répandue consiste à réduire l’avant-garde italienne à un mouvement entièrement soumis au régime mussolinien. En fait, Giovanni Lista a réuni les textes théoriques des futuristes italiens qui se sont réclamé du marxisme, du socialisme et du communisme.
L’adhésion au fascisme fut plutôt une sorte de compromis passé avec le régime par une partie des futuristes, alors que le rôle joué par Marinetti à cette occasion mérite une étude à part. Par ailleurs, comme l’a souligné Alfred H. Barr, Jr., le fondateur du Museum of Modern Art, dès 1949, la position artistique la plus représentative du mouvement mussolinien dans les années 1920 est le Novecento.
Evolution du mouvement après 1960
En 1967, Enzo Benedetto publie le manifeste Futurismo-oggi qui propose de passer à la troisième étape artistique du mouvement : « la première était la vitesse, la deuxième la course au ciel, la troisième sera la course à l’espace. »
Le Futurisme est considéré comme la première avant-garde historique. Les deux Futurismes russes et italiens naissent dans des climats révolutionnaires. Ernst Gombrich a montré dans son étude Les idées de progrès et leur répercussion dans l’art, comment la certitude des artistes d’avant garde de perfectionner l’héritage laissé par les générations précédentes, participe d’une fièvre révolutionnaire ou post-révolutionnaire .
Giovanni Lista rappelle que l’idéologie futuriste soutenait la politique de Mussolini dans ses aspects économiques, industriels, politiques et militaires.
Marinetti écrit dans le Manifeste du Futurisme « Nous voulons glorifier la guerre – seule hygiène du monde -, le militarisme, le patriotisme, le geste destructeur des anarchistes, les belles idées qui tuent, et le mépris de la femme » . La haine des femmes, la haine du corps, la violence semblent des thèmes récurrents chez les technophiles fanatiques d’hier et d’aujourd’hui.
Les Futuristes établissaient un parallèle entre le progrès technologique et le progrès esthétique. Ainsi Malevitch déclarait « Nous ne pouvons pas utiliser les navires sur lesquels voyageaient les Sarrazins, de la même façon en art nous devons être en quête de formes qui répondent à la vie contemporaine » .
Malevitch déclare aussi « Il faut représenter le monde qui existe dans notre conscience, et dans notre conscience existe maintenant la force radioactive. Les planètes qui s’élancent dans l’air et la course primitive des automobiles sur la terre » .
Avec les Futuristes, l’artiste n’est pas un témoin, il est un acteur. L’artiste se situe dans le champ social. C’est ce qu’exprime leur slogan « art-vie-action ». Les Futuristes italiens sont partis volontaires au front.
Les Futuristes sont fascinés par la machine, le mouvement, la vitesse, l’électricité. « Seuls comptent ici les flux, les réseaux, les relations, en un mot la fluidification des formes » souligne Florence de Mérédieu . Cette fascination nous paraît avec le recul du temps d’une grande naïveté. « Rien n’est plus beau, écrira Marinetti en 1914, qu’une centrale électrique bourdonnante qui contient la pression hydraulique d’une chaîne de montagne et la force électrique de tout un horizon, synthétisés sur les tableaux de distribution, hérissés de claviers et de commutateurs reluisants » .
Il est étonnant que de nombreux artistes succombent encore maintenant à la fascination des nouvelles technologies. Ils lisent et vivent les technologies au premier degré, sans aucun sens critique, ni aucune distance ne serait-ce qu’ironique. L’engagement des Futuristes auprès de Mussolini devrait être un avertissement à tous les artistes qui choisissent la fascination technologique…
Duchamp initie l’oeuvre d’art comme idée : dans le geste du ready-made décréter un urinoir, oeuvre d’art, est une idée. «Voici la direction que devrait prendre l’art: tendre à une expression intellectuelle». De l’idée, on peut passer au processus permettant d’intégrer le temps et l’espace comme matières premières de l’oeuvre d’art, de façon plus théorisée que ne l’avait fait le Futurisme.
Quelques oeuvres futuristes
Principaux artistes et écrivains du futurisme
Italie
- Giacomo Balla
- Umberto Boccioni
- Mario Carli, écrivain
- Carlo Carrà
- Ambrogio Casati
- Primo Conti
- Fortunato Depero
- Gerardo Dottori
- Alfredo Gauro Ambrosi
- Filippo Tommaso Marinetti, poète et écrivain
- Enrico Prampolini
- Luigi Russolo
- Antonio Sant’Elia, architecte
- Gino Severini
Russie
- David Bourliouk, peintre
- Vladimir Bourliouk, peintre
- Nathalie Gontcharova, peintre
- Vladimir Maïakovski, poète
- Alexeï Kroutchenykh, poète
- Velimir Khlebnikov, poète
- Alexandre Mossolov, musicien
- Ossip Brik, écrivain