Depuis des centaines voire des milliers d’années, l’art est une manière d’expression pour l’artiste. L’œuvre s’adresse aux sens, aux émotions, aux intuitions et à l’intellect. D’abord, les artistes étaient à la recherche du « beau ». Avec l’art moderne et l’art contemporain, bien loin de l’idée du beau ou du style, le but est davantage d’interpeler et de marquer l’observateur. Les techniques utilisées se développent de plus en plus avec le temps. L’art contemporain casse toute frontière entre les domaines artistiques puisqu’il regroupe les arts plastiques, le théâtre, le cinéma, la photographie, la littérature, etc. Les nouvelles technologies ont donc impacté l’art. Aujourd’hui, la signification et la perception de l’art est totalement différente de par l’apparition de l’art conceptuel, corporal, le minimalisme et bien d’autres techniques encore.
Grand nombre d’artistes ont pour but de dénoncer ou de défendre des causes à l’image d’Ai Weiwei, artiste militant dont les œuvres souvent provocatrices font parfois polémique. Le magazine Art Review, en 2011, l’a qualifié de figure la plus puissante de l’art contemporain.
Dans ce dossier, nous allons étudier l’art et le féminisme. Le féminisme est un mouvement politique, philosophique ou social, fondé sur l’égalité des sexes. Le but ultime est l’amélioration du statut des femmes. En effet, les objectifs sont l’émancipation des femmes, l’amélioration de leurs droits, la défense de leurs intérêts ainsi que de mettre fin à l’oppression et la discrimination qu’elles subissent.
La rébellion du Deuxième Sexe – L’histoire de l’art au crible des théories féministes anglo-américaines de Fabienne Dumont se donne pour objectif de retracer « l’histoire complexe de quarante années de théories féministes anglo-américaines en histoire de l’art, à partir d’exemples détaillés et emblématiques ».
Aujourd’hui de nombreux artistes féministes travaillent pour défendre LA FEMME au travers de leurs œuvres. L’art féministe est d’ailleurs un mouvement artistique contemporain à part entière depuis les années 1960-1970, années durant lesquelles nous avons pu observer une montée de ce mouvement.
Vers une histoire de l’art féministe
L’historienne d’art, américaine, Linda Nochlin, a proposé une relecture de l’histoire de l’art depuis le 19ème siècle à travers le prisme féministe. Elle est alors devenue pionnière de l’histoire de l’art féministe. Son article « Why Have There Been No Great Women Artists ? » en 1971, analyse la place des femmes dans l’histoire de l’art et à mettre en lumière la domination d’un point de vue « blanc, occidental et masculin ». Elle se bat surtout pour le féminisme mais dénonce également d’autres causes à travers cet essai, qui est considéré comme pionnier dans la théorie de l’esthétique féministe. Pour elle, la raison pour laquelle les femmes sont peu présentes dans l’art est historique et culturelle. Elles se sont vues écartées de l’apprentissage et de la pratique de l’art. Elle met en lumière le fait que l’art a été impacté par un effet de société où les femmes étaient alors seulement cantonnées à des travaux et tâches dits « féminins ».
Plus tard, Fabienne Dumont, historienne, critique d’art et enseignante française, spécialisée dans le féminisme dans l’art contemporain, a écrit « La rébellion du deuxième sexe ». Elle s’est appuyée sur différents textes d’auteurs traitant du féminisme dans l’art. Elle y présente les problématiques des œuvres féministes des années 1970, la nécessité de rendre légitime la présence féminine dans l’art, l’hétérogénéité du mouvement féministe, la présence d’artistes femmes de couleur et l’évolution des représentations de la masculinité et de la féminité en rappelant leur caractère non naturel. Elle montre que la nudité masculine est très souvent ou a été très souvent utilisée contrairement à la nudité de la femme et notamment celle des femmes de couleur. De plus, elle parle de la problématique des stéréotypes dans ces représentations de chair. Enfin, elle termine par parler du mouvement de queer et post-féminisme. Ce mouvement, troisième vague féministe, vient après le féminisme, après 1985, en allant plus loin et en s’appuyant sur le fait que la sexualité et le genre social de l’individu ne sont pas déterminés uniquement par son sexe biologique à savoir mâle ou femelle mais par son environnement socio-culturel, son histoire ou encore ses choix.
Dans son livre « Art, féminisme et post-féminisme », Aline Dallier-Popper, critique d’art et pionnière dans l’étude du féminisme dans l’art contemporain en France, confirme les écrits cités précédemment. Entre 1970 et 1990, dans le monde de l’art et notamment durant les cours qu’elle donne à l’Université de Paris 8 Saint-Denis, les questions récurrentes sont « Pourquoi n’y a-t-il pas de grande femme artiste ? » et « Peut-on reconnaître une œuvre réalisée par une femme ? ». Aline Dallier-Popper est en partie d’accord avec l’article de Linda Nochlin en ce qui concerne la première question. Elle pense néanmoins qu’utiliser le mot « grand artiste » n’est pas judicieux. Elle utilise plutôt le terme « grande œuvre » qui nous « transporte au-delà de la réalité, pour des raisons diverses qui vont à la fois du beau-métier à l’originalité, en passant par leur capacité à transcender nos propres représentations mentales ». Elle ajoute également qu’il est difficile au XXème siècle de trouver des « grandes œuvres » réalisées par des femmes puisqu’elles sont très peu nombreuses. A la deuxième question, aucune réponse n’est possible selon elle et c’est « tant mieux ».
Au travers de l’analyse de ces livres et articles, je remarque qu’une différence se fait entre les termes « art et féminisme » et « art féministe ». En effet le premier terme traite et dénonce l’invisibilité des femmes dans l’art alors que le second traite d’un mouvement artistique dénonçant justement cette inégalité homme-femme. Nous allons nous intéresser surtout au second terme.
Dans la première partie, elle réalise une interview avec Claudine Roméo. Les deux femmes mettent l’accent sur la différence entre la France et les pays Anglo-saxons et les Etats-Unis. En effet, la question des femmes dans l’art est beaucoup moins traitée en France. Aline Dallier-Popper explique que cette différence provient du fait que le féminisme s’est installé plus tôt et plus solidement dans les pays Anglo-saxons et les Etats-Unis. Elles évoquent ensuite le post-féminisme, caractérisé de « période » par Aline Dallier-Popper. Elle insiste sur la méconnaissance de ce terme qui n’est que très peu utilisé pour définir une personne. Le post-féminisme « ne prône plus le séparatisme, il n’y a pas que les femmes d’un côté et rien de l’autre. Les hommes aussi existent ». Enfin, elle écrit que les Américaines jugent encore nécessaire d’écrire sur les femmes dans l’art, « soit pour célébrer la révolution féministe [‘], soit pour montrer que le féminisme est devenu global, c’est-à-dire qu’il touche maintenant des artistes doublement pénalisées par leur appartenance à une religion ou à un pays en difficulté ». Elle cite ensuite quelques œuvres d’auteures françaises en expliquant qu’en France aussi on peut s’intéresser de manière historique à ce sujet. Elle parle également de la notion de « stratégie esthétique » qui signale le fait qu’il s’agit dans l’art féministe de démarches démonstratives et féministes pour la plupart des œuvres concernées par cette notion.
Dans la deuxième partie du livre, elle donne tout un corpus d’articles décrivant l’histoire de cet art partout dans le monde, des domaines récurrents dans l’art des femmes ainsi que des artistes. Je vais développer deux parties qui m’ont semblé essentielle à la compréhension de l’histoire de cet art féministe.
Feminist Art aux USA:
En 1971, des artistes féminines qui se disent féministes ont ouvert la AIR (Artists In Residence) Gallery à New York pour y exposer leurs propres œuvres. En 1972, Harmony Hammond avec son œuvre Bag donne au Feminist Art une première définition : « un art fait par des femmes, à propos des femmes et des hommes ». Il vise les consciences féminines et masculines.
Après avoir vu l’ensemble de la galerie AIR, Aline Dallier-Popper ajoute que les préoccupations des femmes à propos des femmes passent par des critiques sur leur condition de vie de te travail, sur des interrogations concernant leur sexualité et sur des affirmations et/ou revendication de leur identité.
Au même moment, une montée du mouvement américain de libération des femmes était observée et le mouvement se scindait en différents groupes d’intérêts et d’opinions. C’est ainsi qu’apparu le Women’s Artists Movement, The Feminist Art Journal ou encore l’ouverture de galeries uniquement avec des œuvres de femmes.
Le féminisme dans l’art français
Dans les année 1970, bien que les femmes artistes féministes soient présentes dans le monde de l’art, elles sont très peu visibles malgré la montée du mouvement de libération des femmes dans toute l’Europe. La première action en France des femmes artistes, s’est déroulée en 1975 pendant l’année Internationale de la Femme, évènement qu’elles ont ressenti comme un alibi. Elles se sont élevées contre l’exposition « Féminine-Dialogue » et forment un collectif autour de Françoise Elliet et d’Aline Dallier-Popper. La situation en France est bien éloignée de celle des Etats-Unis. En effet, en France, les femmes artistes ne souhaitent pas créer de galerie coopérative comme la AIR Gallery car elles n’en n’ont pas les moyens et ne pensent pas que ce soit nécessaire. Aux Etats-Unis, les femmes artistes étaient engagées comme enseignante dans les universités. Or, en France, très peu d’université à cette époque comptaient de département d’art, c’est pourquoi les artistes françaises dépendaient financièrement de leurs parents ou de leur conjoint. Il leur était donc impossible d’investir dans l’édification d’une galerie.
De plus, elles craignaient que ce genre de structure corporative ne les coupe du mouvement de libération des femmes (MLF). Dans cette période, les artistes femmes faisait donc alliance avec leurs confrères masculins. Néanmoins, dans les années qui suivent, plusieurs évènements et manifestations ont été organisées notamment une soirée en 1977 par Nicole Rousset-Altounian et Aline Dallier-Popper elle-même, à la Galerie NRA. Plus tard, de petites galeries exposant des œuvres d’artistes françaises ont ouvert leurs portes.
En France, les femmes artistes sont passées par différentes actions afin de s’imposer. Les expositions pouvaient se composer à la fois d’œuvres peintes, de photographies, de collages mais aussi de spectacles mêlant poésie, chant lyrique, musique. Elles utilisaient beaucoup l’ironie, l’humour et le retournement de situation afin de déconstruire l’image convenue de la Femme dans la société.
La critique d’art Aline Dallier-Popper a donc noté une réelle différence entre l’art des artistes françaises et anglo-saxonnes ou américaines.
Selon Penny Slinger, pionnière dans l’art féministe, « Le féminisme d’aujourd’hui est inclusif, mais dans les années 70 il était plus militant et pas vraiment ouvert au caractère sensuel et sexuel de la femme ». Encore aujourd’hui d’ailleurs, l’angle choisi par certains artistes, le sexe, ne fait pas l’unanimité.
En 1985, un groupe d’artistes féministes ont fondé à New York, les Guerilla Girls. Elles créent et diffusent des affiches féministes pour promouvoir la place des femmes et des personnes de couleur dans l’art tout en utilisant l’humour. Elles souhaitent élargir le mot féminisme en ajoutant une tendance anticoloniale et antiraciste permettant de traiter le genre, la classe, la couleur.
Artistes féministes
Les artistes françaises veulent revendiquer l’émotion, l’expérience personnelle et leur vécu en opposition avec l’élitisme, les notions formelles et impersonnelles de certains artistes masculins. Les artistes anglo-saxonnes et américaines, elles, tendent à représenter les formes symboliques relatives aux femmes : iconographie sexuelle et vaginale, valorisation des matériaux et des pratiques dites « féminines ». Elles présentent le plus souvent, un motif identique ou similaire, juxtaposé, une large palette de couleurs et de textures selon une technique artisanale « féminine », l’Art féministe
Après une bataille des femmes pour être reconnues, beaucoup d’artistes femmes ont réalisé des œuvres et ont été exposées. Dans cette partie, je vais présenter seulement des artistes qui ont réalisé des œuvres féministes tout en expliquant leurs démarches et leurs objectifs.
Commençons tout d’abord par Yoko Ono, artiste expérimentale, plasticienne et véritable performeuse a réalisé en 1965 un œuvre féministe, cause qui lui tient particulièrement à cœur, « Cut Piece ». Performance de body art dans laquelle elle se met en scène, immobile, face à un public qu’elle invite à venir découper des morceaux de ses vêtements. Les critiques ont qualifié sa performance d’audacieuse. Cette œuvre symbolise la vulnérabilité des femmes, au début elle reste immobile et à la fin elle bouge de plus en plus jusqu’à tenir son soutien-gorge coupé par un participant masculin. Son immobilité est symbole de la vulnérabilité et passivité (obligée) des femmes face aux violences sexistes et racistes. Elle devient un objet sexuel plutôt qu’un humain. La participation du public représente la domination sociale des hommes sur les femmes. Le fait de couper ses vêtements montre la violence, l’agression auxquelles les femmes font face.
Penny Slinger, pionnère anglaise de l’art féministe. Elle expose une série de toiles de plusieurs mètres où elle dessine des scènes très réaliste de pornographie : Fuck Paintings. Son œuvre a longtemps été exclue tant par les artistes contemporains masculins que par les féministes elles-mêmes. Elles n’ont pas compris que son seul but était de mettre en lumière la domination du mâle.
Elle fait partie des artistes qui amènent à penser notre rapport à la sexualité. Le but étant de montrer que le corps de la Femme n’est pas un objet sexuel. En mettant l’accent sur ce qui dérange les féministes, ces artistes prônent l’égalité des sexes. Sur son œuvre Wedding Invitation, elle propose une métaphore provoquante, elle se présente comme un gâteau à partager. Ici elle montre que la femme est vue comme une gourmandise. Elle dénonce avec humour la société patriarcale et le mariage qui soumettait la femme à son époux.
Françoise Janicot, artiste française, a réalisé en 1972, l’œuvre intitulée Encoconnage. Le premier sens du terme Encoconnage signifie s’enrouler dans un cocon alors que le second sens signifie, se retirer en soi-même. Dans le contexte de l’époque, l’œuvre apparut comme une prise de conscience de la place, peu importante, de la parole de la femme et de leur invisibilité dans la culture. Elle a voulu montrer à travers son œuvre, son isolement dans le monde de l’art.
Dans Hommages aux femmes pakistanaises, en 1998, elle se recouvre d’un sari de soie verte, visage caché, accroupie, tel un tas de chiffon. Elle se lève puis se laisse retomber, elle s’effondre. Elle dénonce la condition de la femme dans certains pays. Ici, la tête voilée ou tranchée.Orlan, artiste provocante du Body Art atteint une phase plus offensive de son travail en 1977 avec sa performance intitulée Le baiser de l’Artiste.
Elle propose au spectateur-client un baiser pour 5 francs. Ici, elle assimile la femme, la prostituée et l’artiste au sein du monde de l’art parisien. Elle ironise quant aux préjugés dont les femmes artistes font face.
Nil Yalter, artiste féministe turque, a réalisé une vidéo sur la sexualité des femmes La femme sans tête ou la danse du ventre en 1974.
Mise en scène d’une danse du ventre traditionnelle tout en écrivant un texte dénonçant l’excision et prônant la jouissance de la femme.
Barbara Kruger, artiste américaine, a réalisé Your body is a Battleground. Cette œuvre se trouve dans la continuité d’un travail engagé en 1970 refusant la représentation explicites des corps de femme. Cette artiste combine photographies et textes afin de dénoncer ce qui lui tient à cœur, notamment le féminisme. Elle prend le contrepied d’autres artistes féministes en évitant de représenter le corps dénudé d’une femme. Elle présente clairement la lutte féministe. Elle réalise également Gender is irrelevant où elle parle clairement du genre. Avant d’être un genre, une femme est un humain tout comme un homme.
L’oeuvre féministe d’Annette Messager, Mes voeux
Annette Messager réalise en 1989 une œuvre intitulée Mes vœux. Elle représente des centaines de photographies de différentes parties du corps notamment des « gros plans obscènes ».
Elle souhaite que le spectateur reconstruise un corps imaginaire. Le spectateur peut être frustré car lorsqu’il est proche il perd sa vue d’ensemble et ne peut plus se représenter un corps entier alors que quand il s’éloigne il perd les détails des photographies. Par cet effet, elle a cherché à montrer la frustration sexuelle ou la frustration engendrant le désir.
De plus, elle veut dénoncer le regard de la société sur la femme. Pour elle ces « gros plans obscènes » sont « une collection de coup d »il d’un homme friand d’orgie visuelle ». Enfin, on ne pourrait à tous les coups, mettre de visage sur chaque fragment de photographie, femme ou homme ? Ce questionnement dénonce l’identification et l’anonymisation du corps, clés de voûte du film pornographique. Le titre « Mes vœux » dénonce également la société dans laquelle les femmes « voudraient » avoir des hanches plus minces ou bien des seins plus fermes.
Judy Chicago, artiste féministe américaine, a réalisé une installation artistique entre 1974 et 1979 The Dinner Party.
Table comprenant 39 places, une place pour une femme célèbre.
L’œuvre pose le problème de qui est ce « nous » de « nous les femmes ».
Elle a été adorée et haïe parfois même par des féministes. Elle a suscité de très nombreuses critiques positives et négatives, preuve du bouleversement dans l’art féministe engendré par ces années de remise en question.
L’art féministe de Aiko Nakawaga
Aiko Nakawaga, street artiste japonaise née en 1975, célèbre la femme et le Japon dans ses œuvres. Elle utilise comme pseudonyme Lady Aiko ou Aiko simplement qui signifie en japonais « petit amour ». Elle révolutionne le graffiti dans un domaine encore très masculin.
Elle représente des figures féminines sensuelles, glamour et sexuellement libérée, dans une ambiance de pop art, graffiti et d’esthétisme traditionnel japonais.
Elle déclare à propos de ses œuvres : « J’ai un sujet sur lequel les hommes ne peuvent pas parler. Les mecs ne peuvent pas peindre des filles sexy qu’ils ont envie de baiser. La figure de la femme est à nous. C’est à nous d’en profiter. Cela n’est pas tourné contre eux, c’est une célébration de l’énergie féminine ».
Elle est une des rare artiste féministe qui sexualise beaucoup la femme dans ses œuvres puisqu’elle est consciente qu’une femme peut mettre en valeur ses atouts sans pour autant tomber dans la stéréotype de la femme objet.
Tout comme Lady Aiko, Miss Tic, artiste de street art française, représente la femme fatale, la femme libre socialement et sexuellement qui s’affirme et se fait entendre.
Ghazel artiste féministe iranienne
Ghazel, originaire de Téhéran, a étudié l’art en France notamment à Montpellier et Nîmes et ailleurs en Europe. Elle a réalisé l’œuvre Urgent/Wanted de 1997 à 2007, composée de plusieurs grandes affiches. Tout a commencé en 1997 lorsqu’elle reçut une lettre d’expulsion. Elle a donc décidé de se servir de cette épreuve pour réaliser une œuvre traitant de la situation des femmes face à l’immigration.
Elle présente des annonces avec humour comme par exemple un avis de recherche « Femme cherche mari non raciste, URGENT ». Elle évoque ici le mariage blanc, comme dernier recours contre l’expulsion pour une femme coincée entre deux patries, la France et l’Iran.
Louise Bourgeois une figure de proue du mouvement féministe dans l’art
Louise Bourgeois, artiste française, met en valeur le rôle de la mère dans ses œuvres d’araignées. Elle ne revendique pas ses convictions féministes mais montre dans son œuvre, un des rôles de la femme, mère protectrice et expose les failles de la société et du genre.
Niki de Saint-Phalle et ses Nanas
Niki de Saint-Phalle, artiste franco-américaine célèbre qui traite de la féminité, du féminisme, du mariage, du racisme ou encore du sida. Son style est plutôt inspiré de la Pop-culture et est donc très coloré.
Elle a réalisé les œuvres Nanas, sculptures de femmes pulpeuses et très colorées, qui soulèvent la difficulté des femmes à se faire une place dans ce monde d’hommes ou encore la difficulté des personnes de couleur de s’imposer dans un monde de blancs. Elle traite également de la grossesse dans ces œuvres et de la féminité d’une femme quel que soient les dictats de beauté. Leur largesse d’épaule veut représenter leur robustesse et leur charisme.
Elle a également réalisé une œuvre portant sur le droit des femmes à l’avortement intitulée Abortion-Freedom of Choice. Elle évoque les menaces auxquelles les femmes font face lorsqu’elles souhaitent avorter. Elle y explique qu’il y a de plus en plus d’êtres humains sur terre et qu’il est de plus en plus difficile de nourrir tout le monde. Elle demande dans son œuvre si « ceux qui sont contre l’avortement pourront nourrir les bouches supplémentaires ? ».
Hsia-Fei Chang
Hsia-Fei Chang, artiste plasticienne d’origine taïwanaise, réalise en France des performances, installations, photographies ou encore des vidéos. Elle utilise l’humour dans son art et est influencée par la pop-culture. Ses œuvres Blue velvet et Vernis Noir sont issues d’une installation traitant le conditionnement des femmes et les modèles féminins proposées aux petites filles. Elle dénonce le statut de la femme-objet. Ces deux paires de chaussures en taille 18 mois dénoncent l’hyper-sexualisation et la séduction enseignées aux petites filles. En effet, elle dénonce ici le phénomène des « starlettes ».
En 2017, Camille Morineau, commissaire d’exposition et rédactrice du livre « Artistes femmes de 1905 à nos jours », organise une exposition Women House. C’est la rencontre de deux notions, le genre féminin et un espace, le domestique. En effet, le domestique a toujours été l’espace réservé à la femme. L’exposition a donc pour objectif de montrer que ce n’est pas une fatalité.
En 2018, Tara Londi met en lumière la toute nouvelle génération d’artistes féministes dans une exposition à Sète nommée Mademoiselle. Elle y propose de redécouvrir l’influence des mouvements féministes des années 1960-1970 sur les artistes femmes d’aujourd’hui. L’exposition regroupe 37 artistes. Le nom de l’exposition a été choisi à la suite de la suppression du titre de civilité « mademoiselle » sur les papiers officiels, moment historique pour le féminisme et les femmes. Tara Londi a choisi ce titre car elle a voulu saluer le paradoxe que représente ce terme : il désigne les prostituées dans certains pays alors qu’il a un caractère plutôt positif dans d’autres parties du globe.
Valie Export est une grande artiste autrichienne qui réalise des œuvres parfois féministes. Son art est percutant et montré du doigt à l’époque car elle utilise souvent la nudité ou représente/ photographie les parties intimes des femmes notamment les siennes. Un exposé sur cette artiste sera dressé dans la suite du dossier.
Les artistes féministes utilisent de très nombreuses techniques de l’art afin de s’exprimer et de dénoncer leur cause : peintures, collages, dessins, photographies, sculptures, vidéos et encore bien d’autres.
Aujourd’hui, grand nombre d’artistes traitent du féminisme. Avec l’influence du mouvement massif des années 1960-1970, l’art féministe est beaucoup moins limité et critiqué. Les artistes sont beaucoup plus libres. Très peu d’hommes artistes sont investis dans l’art féministe. Néanmoins, dans certains domaines comme celui de la BD ou encore du cinéma, les hommes se battent aux côtés des femmes pour leur donner leur place dans la société et défendre leurs droits.
Par exemple, le réalisateur et producteur de films d’animation japonais, Hayao Miyazaki, met souvent en scène des héroïnes sans tomber dans le cliché de la sensibilité et de la fragilité. En effet, dans La Princesse Mononoké, San, est représentée comme une guerrière, une battante, un peu sauvage et presque effrayante parfois, image bien loin des princesses présentées dans les contes de fée.
Conclusion
Le mouvement féministe de 1960-1970 a engendré une très forte remise en question de l’histoire de l’art et de la place des femmes au sein du monde artistique. S’en est suivi une expansion de l’art féministe, impacté par l’évolution de l’art contemporain et les nouvelles techniques développées grâce aux nouvelles technologies. En 1980, les arts à forte composante technologique font leur apparition avec l’art vidéo, informatique, l’esthétique de la communication, le bio-art, l’art numérique, etc.
L’art féministe suit donc ces avancées et les artistes, femmes pour la plupart, utilisent de nouvelles formes d’expressions artistiques. La nudité ou la représentation de certaines parties du corps notamment intimes (comme dans « Mes vœux » de Annette Messager) est parfois utilisée afin d’impacter le spectateur. En effet, le « nu » est parfois une arme féministe même si certaines féministes n’apprécient pas, pensant qu’il n’est pas nécessaire de montrer les parties intimes d’une femme pour lui donner sa place ou lui conférer un certain pouvoir.
Il est important de bien distinguer les termes « artiste femme » et « artiste féministe » : un artiste féministe, pas nécessairement une femme, se bat pour les droits des femmes et contre leur discrimination. Une artiste femme est une artiste réalisant n’importe quel type d’œuvre. Par contre, la bataille permettant de donner une plus large place aux femmes artistes dans l’art, est féministe.